Stanislas Guerini, Ministre français de la transformation publique et de la fonction publique, a récemment annoncé que la suppression des catégories A, B et C des fonctionnaires était « sur la table ». Cette déclaration inattendue soulève de nombreuses questions sur l’avenir du système de classification des fonctionnaires en France.
Si le ministre y voit une opportunité de rendre la fonction publique plus attractive et de mieux valoriser les compétences, d’autres s’interrogent sur les conséquences potentielles d’une telle réforme sur l’égalité d’accès aux emplois publics et sur la qualité du service rendu aux citoyens. Au-delà des débats, cette annonce intervient dans un contexte de difficultés de recrutement dans de nombreux secteurs de la fonction publique.
Les catégories, un carcan pour les fonctionnaires ?
Selon Stanislas Guerini, les catégories actuelles de la fonction publique ont tendance à enfermer les fonctionnaires dans des schémas préétablis, créant des « plafonds de verre » difficiles à briser. Le ministre exprime le souhait de mettre en place de nouveaux outils visant à mieux valoriser la formation et l’expérience des fonctionnaires, afin de favoriser un déroulement de carrière plus fluide et méritocratique.
Actuellement, le système catégoriel, qui classe les 5,7 millions de fonctionnaires selon leur niveau de qualification, distingue la catégorie C pour les profils sans qualification ou avec un CAP, BEP ou brevet des collèges, la catégorie B pour les titulaires d’un baccalauréat, et la catégorie A pour ceux ayant un niveau bac+2 ou bac+3, en fonction des spécificités des filières de la fonction publique.
Une mesure pour rendre la fonction publique plus attractive ?
Cette réforme intervient alors que de nombreux secteurs de la fonction publique sont confrontés à des difficultés de recrutement croissantes. En 2021, une étude a révélé que plus d’un tiers des employeurs territoriaux (39 %) avaient des difficultés à attirer des candidats qualifiés, notamment en raison de salaires peu compétitifs et de profils de candidats qui ne correspondent pas toujours aux besoins des postes à pourvoir.
En réponse à ce problème persistant, le ministre de la fonction publique entend rendre le secteur public plus attractif. La suppression des catégories de fonctionnaires pourrait ainsi contribuer à valoriser les compétences individuelles et à offrir des perspectives d’évolution de carrière plus fluides, dans le but de rendre la fonction publique plus compétitive sur le marché de l’emploi et d’attirer des profils diversifiés et qualifiés.
Des réactions mitigées
Si certains y voient l’occasion de moderniser en profondeur le système de gestion des ressources humaines dans la sphère publique et de mieux valoriser les parcours et les compétences des agents, d’autres s’inquiètent des conséquences potentiellement néfastes d’une telle réforme sur l’égalité d’accès aux emplois publics.
En effet, le système actuel des catégories, couplé aux concours, est considéré par de nombreux observateurs comme un gage de qualité et d’équité dans le recrutement des fonctionnaires, en évaluant les candidats sur la base de critères objectifs et transparents. Certains craignent que la suppression de ce système ne favorise la cooptation et le népotisme, au détriment du mérite et de l’intérêt général qui doivent guider l’action publique.